Europride à Rome: Lady Gaga en porte-voix des homosexuels

  

«Habemus Gaga !» Des centaines de milliers de personnes défilaient samedi à Rome pour l’Europride, grande parade homosexuelle suivie d’un concert avec Lady Gaga. Elles clamaient leur opposition aux interdits du Vatican et leur colère contre l’Italie «rétrograde» de Silvio Berlusconi.

«Personnes différentes, mêmes droits», «Egalité et droits de l’homme pour tous!», «Aimer est un droit humain», pouvait-on lire sur les banderoles. Sous un grand soleil, les participants dansaient autour d’une quarantaine de chars, dont un petit train transportant des «familles arc-en-ciel», des parents gays et leurs enfants.

Les organisateurs ont affirmé dans la soirée qu’un million de personnes participaient à l’événement. Plusieurs brandissaient des pancartes avec la coupole de la basilique Saint-Pierre de Rome barrée d’un grand NO ou proclamant «Papa no, Gaga si».

«Révolution de l’amour»

Le Vatican juge que l’homosexualité est un comportement «désordonné» et que l’acte homosexuel est un péché. Le pape Benoît XVI fait régulièrement pression contre les lois accordant davantage de droits aux gays en matière de mariage et d’adoption. Allusion aux scandales pédophiles qui secouent l’Eglise catholique, un faux évêque perché sur des échasses avait un poupée accrochée au bas ventre.

Dans la soirée, Lady Gaga, la star planétaire de 25 ans, a appelé la foule massée devant le Cirque Maxime à «faire naître une nouvelle idéologie» et à «faire la révolution de l’amour» pour obtenir «la pleine égalité» des droits des homosexuels.

«Nous devons mettre fin à la discrimination, à l’ignorance», a-t- elle ajouté, dressant la liste des pays qui refusent les droits des homosexuels. Elle a cité notamment plusieurs pays d’Europe de l’Est et du Proche-Orient.

Engagement des politiques

Plusieurs personnalités politiques catholiques avaient appelé la chanteuse à ne pas faire de provocation à l’égard du pape.

En revanche, les dirigeants de deux partis d’opposition – l’Italie des valeurs et «Gauche, écologie et liberté» – participaient au défilé, de même que la cheffe du premier syndicat du pays, la CGIL, Susanna Camusso.

Le maire de Rome, Gianni Alemanno (droite), a adressé un message vidéo aux participants: «notre cité est hospitalière et ouverte à tout le monde».
Pour les organisateurs de l’Europride, l’Italie est l’un des pays d’Europe les plus en retrait sur les droits des homosexuels. Un projet de loi contre la violence homophobe n’a jamais vu le jour et aucun texte n’autorise les unions civiles, homosexuelles ou pas.

Contre Berlusconi

Paolo Patane, qui dirige le groupe militant italien Arcigay, espère que la parade pourra contribuer à «chasser» le gouvernement de Silvio Berlusconi, déjà affaibli par une récente déroute aux élections municipales.

Vladimir Luxuria, transsexuelle et ancien député qui avait mis en place en 1994 le premier festival gay d’Italie, ouvrait le cortège coiffée d’un serre-tête à plumes chamarées. Pour elle, «ce Parlement est homophobe, de la tête aux pieds, et nous avons un Premier ministre casseur de pédés».

L’an dernier, interrogé sur ses propres frasques sexuelles, Silvio Berlusconi avait lancé: «mieux vaut être passionné par les jolies filles qu’être gay». Une saillie qui avait aussitôt inspiré un autre slogan imprimé sur des affiches et des T-shirts: «mieux vaut être gay qu’être Berlusconi».

Incidents en Croatie

Signe des difficultés rencontrées par les homosexuels dans certains pays d’Europe de l’Est, quelque 10’000 manifestants ont pris à partie la Gay Pride organisée samedi à Split dans le sud de la Croatie, un pays à 90% catholique.

Plusieurs personnes ont été blessées parmi les 200 participants au cortège.

En revanche, une «parade de l’égalité» s’est déroulée dans le calme à Varsovie, rassemblant quelques milliers de personnes. La Pologne est également un pays à très forte majorité catholique.


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