Rome a inauguré le 2 août 2007 la première rue gay d’Italie : un endroit où la communauté homosexuelle devrait pouvoir se retrouver librement.AFP/TIZIANA FABI
La polémique fait rage en Italie sur la révélation de l’homosexualité (“outing”) de dix hommes politiques italiens. Une liste de dix noms, dont des ministres et députés de droite appartenant notamment au parti de Silvio Berlusconi, a été publiée vendredi 23 septembre sur un blog hébergé aux Etats-Unis et alimenté par des sources anonymes. La principale association de défense des homosexuels l’a qualifié de “ramassis misérable de commérages”.
Les auteurs du blog expliquent que “cette initiative est née pour ramener un peu de justice dans un pays où il y a des personnes qui n’ont aucun moyen de se défendre contre les insultes et les attaques quotidiennes de la part d’une classe politique hypocrite”. “Nous avons décidé de commencer avec ces dix premiers noms pour faire comprendre clairement qu’au Parlement italien règne la règle de l’hypocrisie et de la discrimination”, affirment-ils sur leur blog. “Pour le moment, nous nous limitons à publier les noms de ceux qui appartiennent à des partis ayant voté contre la loi sur l’homophobie”, précisent-ils.
Depuis près de deux ans, l’Italie a connu une recrudescence des agressions homophobes, conduisant les associations homosexuelles à organiser des manifestations et réclamer une loi antihomophobie. Une proposition de loi en ce sens avait été rejetée pour la deuxième fois en juillet par les députés italiens. L’an dernier, interrogé sur ses frasques sexuelles, Silvio Berlusconi avait lancé : “Mieux vaut avoir la passion des belles femmes qu’être gay.”
“FANTASMES DÉLIRANTS”
Mentionné sur la liste, le puissant président de la région de Lombardie, dans le nord du pays, Roberto Formigoni, membre du Peuple de la liberté du Cavaliere, a dénoncé “les fantasmes délirants de personnes inqualifiables”, tandis que la ministre de l’égalité des chances Mara Carfagna a déploré un “canular cynique et violent”. Il s’agit d’une “diffamation gratuite qui n’aide certainement pas la cause de la lutte contre l’homophobie, mais qui au contraire alimente l’intolérance, et donc la violence”, a ajouté la ministre, qui avait soutenu le projet avorté de loi contre l’homophobie.
Pour l’Arcigay, principal mouvement de défense des homosexuels en Italie, cette liste ne contient “aucune preuve, aucune démonstration de leur homophobie, aucun dossier, aucune source vérifiable ou vérifiée”, déplore son président Paolo Patane dans un communiqué. “On se trouve ici face à un ramassis misérable de commérages sans fondement précis”, dénonce-t-il.